Contrainte extérieure, Zen et Pieds Nickelés

par | 4 Oct 2005 | Chronique du Web (people, idées, projets), Livres et références | 0 commentaires

Pourquoi les Pieds Nickelés perdent-ils très souvent l’argent qu’ils ont gagné ?
A cause d’une loi de protection de la jeunesse, qui obligeait les scénaristes à toujours fournir une fin « morale » à leur jeune public.

Cette information, glanée au hasard d’une visite sur l’excellent site Les Pieds Nickelés de A à Z, m’a vraiment frappé. On a vraiment changé d’époque… Vous imaginez, les vainqueurs de la Star’Ac ou du loft obligés de rendre leur prix ?

Quel rapport avec la conception de sites web ? J’y viens, j’y viens… Je ne sais pas si vous avez lu les albums des Pieds Nickelés, mais je me souviens très bien que l’effet répétitif de ces fins d’aventures où les trois héros se retrouvaient sans le sou après être passés si près du magot faisait partie du charme de la série, et jouait comme un gimmick très efficace.

Conclusion : lorsqu’une contrainte apparemment inacceptable intervient dans un projet, il ne faut pas se lamenter; il faut l’accepter, la faire sienne, puis l’utiliser comme un élément créatif. C’est lorsqu’on est le moins libre qu’il est le plus important de rester libre !

Sur le Web, les contraintes sont nombreuses, et souvent, les tentatives pour s’en affranchir posent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Quelques exemples : les frames, de sinistre mémoire et aujourd’hui quasiment abandonnées; l’utilisation d’images pour la navigation, la mise en page avec des tables, mais aussi, dans de nombreux projets, la nécessité de communiquer en respectant une politique de parole publique très contraignante… Autant de limites qu’il faut savoir retourner en sa faveur.

La meilleure illustration du potentiel créatif des contraintes est probablement le css Zen Garden : un même site, très simple, une page xhtml, déclinée en plusieurs centaines de versions par des designers du monde entier. Ce n’est peut-être pas pour rien que ce projet a pris le nom de CSS Zen Garden… Dans ses « Instructions au cuisinier Zen », Dogen (l’un des auteurs classiques du bouddhisme zen) aborde avec la même philosophie l’art de la préparation du repas…

Comment trouver les ingrédients ? Simplement en ouvrant les yeux et en regardant autour de soi. Nous prenons les matérieux à disposition, devant nous, et avec, nous préparons le meilleur repas possible. A chaque instant, nous travaillons avec ce que nous avons.
Notre corps est un ingrédient, nos relations sont des ingrédients. Nos pensées, nos émotions et toutes nos actions sont des ingrédients.
L’endroit où nous vivons, les feuilles qui tombent, la brume autour de la lune, la circulation dans les rues de la ville, le marché du coin, tous ces éléments sont nos ingrédients. Pour pouvoir voir les ingrédients étalés devant nous, nous devons ouvrir les yeux. D’habitude, nous créons nos propres limites, notre propre point de vue étriqué, notre propre monde, et nous ne regardons que là. Avec la pratique, notre territoire s’agrandit, et tous les objets du monde deviennent nos ingrédients. (pp. 39-40 de l’édition française, repris sur le site zen-occidental.net).

Une question qui me plonge dans un abîme de réflexion : comment faire pour rendre créatifs les candidats de la Star’Ac ? Aussi difficile qu’un véritable Koan Zen…

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